mardi 2 décembre 2014

Du moment que ça tient

Après quelques jours de prise en charge particulière d'un patient, j'ai réussi à convaincre ce monsieur qui passait son temps entre son lit et son fauteuil de se déplacer seul (à peine armé de son déambulateur) jusqu'au lavabo de sa chambre pour faire sa toilette.

Quelle victoire quand on connaît le personnage. 
En plus d'un AVC massif relativement récent, ce monsieur a un véritable caractère de cochon. Imaginez un peu alors ma joie quand je le vois se lever après moult négociations.

Et ce n'est pas tout, en plus de cela, monsieur a même daigné se laver seul !

Alors oui forcément dis comme ça, ça ne vaut pas forcément le spectacle de mi-temps du Superbowl, mais croyez moi, à deux dans notre petite cabine de douche, je jubilais intérieurement.

En fait si je raconte tout ça c'est parce que je me suis rendu compte de quelque chose de pas si étonnant en fait.

Ce monsieur n'est pas forcément la personne la plus facile à vivre que je connaisse loin de là, mais avec son passif on peut envisager qu'il ne soit pas au top niveau moral.
Mais le fait de lui avoir porté attention tout les jours, que je m'adresse vraiment à lui, que je fasse certaines choses pour lui et pas uniquement parce que c'est prescrit, c'est très certainement cela qui l'a déridé un peu.

Pas de grande révolution dans le soin


En fait en plus des soins que je pouvais lui prodiguer, je lui ai apporté du temps à ce monsieur et de l'attention.
Deux choses qu'il n'avait encore que trop peu reçu jusque là.

Alors attention, que les choses soient bien claires, je ne remet en aucun cas en cause le travail des AS, ASH et IDE qui travaillent auprès de ce monsieur.
Les personnes que j'ai croisé qui étaient en charge de ce monsieur prenaient le plus de temps qu'ils leur était possible pour lui. Elles le stimulaient, lui parlait, tentait de le comprendre et de le faire progresser.
Oui elles faisaient de leur mieux et je veux que cela soit bien clair avant de continuer.

Le problème ici n'est pas du côté des professionnels de santé que j'ai rencontré. Il est clairement du côté de l’organisation du service et de toutes façons, de l'organisation du milieu médical lui même.
Comment 5 AS peuvent elles réussir à servir les repas, les débarrasser, faire les toilettes, les lits, les chambres, prendre du temps pour leurs patients tout ça avant midi ?
Et encore, je suis dans un service de "seulement" 40 lits.
Une AS m'a expliqué qu'à son école, on lui avait enseigner qu'il fallait passer normalement 45 minutes par patient pour une toilette.

Rapide calcul, avec 36 lits occupés ça fait environ 5h et 20min par matinée et par AS. 

A partir de là oui c'est jouable, même si ça déborde un peu sur le repas de midi. Mais après tout, les personnes peuvent bien attendre, même si elles baignent dans leur change, même si leur famille doit venir les voir, on s'en fiche de toutes manières comme elles ne parlent pas, elles ne peuvent pas se plaindre.

Et pour les IDE, elles ont la chance les bons jours d'être deux. Alors autant vous dire que pour réussir à gérer tout le monde, la première perf de la journée c'est du café en iv pour elles.

La révolution est en marche... ou pas


Mais bon c'est surement pas un petit étudiant de première année qui va refaire le monde, surtout que d'autres si sont déjà penché à coup sur.

Et puis après tout, du moment que ça tient...

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